Des plans d’actions ambitieux : les atteignables

Le juste programme ne doit ni faire ni ignorer l’économie. Il doit l’influencer, la réguler et si besoin la corriger. Il partage avec les acteurs économiques une vision stratégique durable pour la France et l’Europe.

>> Plan pour une économie durable

CONSTAT :
En 50 ans, la valeur ajoutée de la production industrielle a été divisée par deux (de 25% à 13%), avec une réussite majeure (Airbus) et une multitude de revers qui ont profité évidemment à l’Asie du Sud-Est mais aussi au prédateur industriel allemand qui a construit sa croissance sur un dumping industriel dans l’Union Européenne,
L’encéphalogramme des exportations françaises reste désespérément plat et soutenu essentiellement par quelques filières : l’aéronautique, le luxe, les cosmétiques et l’agroalimentaire,
La France oublie parfois qu’elle trône au 7ème rang sur 27 du classement des bons élèves de l’émission de CO2 dans l’UE. Le Français émet 50% de CO2 en moins que l’Allemand,
La PAC profite notamment aux grands céréaliers français et aux grandes exploitations exportatrices qui relèvent plus du secteur industriel que de l’agriculture.
ANALYSE :
La France n’a plus les moyens, dans une économie mondialisée, de poursuivre une politique industrielle généraliste. Le modèle social français est incompatible avec les secteurs industriels à forte main d’œuvre et faible valeur ajoutée.
Le choix historique et vertueux à court terme du nucléaire et de l’hydraulique n’est pas suffisamment
valorisé ni récompensé.
SOLUTION :
Il faut évoluer d’une stratégie industrielle généraliste (ou d’absence de stratégie) vers une stratégie de niche avec un Etat stratège et parfois acteur et repenser complètement notre stratégie agricole et notre transition énergétique :

  • Renforcer les moyens et recadrer les missions de BPI France pour en faire un véritable fonds souverain pour :
    • Accompagner les entreprises exportatrices et les filières stratégiques,
    • Intervenir ponctuellement pour réparer des marchés dysfonctionnels (monopole, concurrence, prix, etc.),
    • Accélérer le nucléaire EPR et libérer la production et la revente privée d’énergie propre.
  • Soutenir les grandes filières d’exportation et d’innovation au niveau national :
    • Aéronautique, Automobile(?), Agroalimentaire, Défense, Luxe & Cosmétique, BTP, Génie logiciel, Energie,
  • Confier aux Régions le soutien de niches industrielles d’exportation et d’innovation, créatrices d’emplois,
  • Inventer une filière agricole écoresponsable, protégée par l’exigence de souveraineté alimentaire (Défense nationale) et définie par un cahier des charges des exploitations (taille, rôle & économie circulaire),
  • Rediriger 100% des aides PAC sur les exploitations adhérentes à cette filière,
  • Réviser la fiscalité des revenus locatifs en la rendant proportionnelle à la classe énergétique du logement,
  • Promouvoir et financer l’économie circulaire : recyclage, réparation, revente,
  • Appliquer, sans niche fiscale ni subvention excessive, les règles européennes pour l’automobile et les transports.
>> Plan french touch

CONSTAT :
Les 5 principaux leviers économiques de l’emploi en France sont la consommation intérieure (services notamment), les exportations (concentrées sur quelques secteurs clés), Le tourisme international, Les investissements étrangers et les relocalisations totales ou partielles d’industries ou de services.
La balance commerciale de la France est déficitaire depuis 20 ans et la France est le dernier de la classe dans l’UE.
ANALYSE :
La balance en emploi du Commerce Extérieur (document non disponible à l’INSEE) n’est pas suffisamment prise en compte dans les politiques publiques en matière d’économie.
Le soutien à la consommation n’a de sens que lorsqu’il favorise des produits ou services riches en emplois locaux.
Business France dispose d’un budget de fonctionnement dérisoire (0,01% du budget de l’Etat) en rapport avec les enjeux de l’exportation qui représente 35% du P.I.B.
La France n’a plus les moyens de rayonner sur le monde entier et doit concentrer son action diplomatique et économique sur des pays amis et à potentiel réciproque.
SOLUTION :
Un plan « french touch » avec des aides à l’export ultra ciblées et la révolution dans les ambassades :

  • Le premier des 5 leviers (consommation) fera l’objet de quelques mesures ciblées vers les produits/services très générateurs d’emplois,
  • Les quatre autres leviers feront l’objet de toutes les attentions et concentreront l’essentiel des aides aux entreprises (avec ou sans l’accord de Bruxelles et de l’OMC),
  • Les aides aux entreprises seront en priorité attribuées « en nature » avec la mise à disposition de chercheurs, ingénieurs, techniciens, employés d’ambassades, commerciaux issus de l’Administration, des cycles universitaires et des contrats de travail solidaires,
  • Les aides aux entreprises sont calculées sur la création nette d’emplois et non sur le C.A.
  • Les ambassades sont transformées en pépinières de la french touch et leur mission recadrée sur la promotion de la french touch. Elles sont codirigées par un ambassadeur et un directeur commercial,
  • Le budget de Business France est multiplié par 100 (de 100 millions à 10 milliards d’euros),
  • Un ciblage des pays les rangent dans 3 catégories :
    • Les majeurs (USA + Chine) : délégation de pouvoir de négociation à l’Union Européenne,
    • Les stratégiques : investissement massif et accords de partenariats spécifiques à la France (dans le respect des règles UE),
    • Les non stratégiques et les non amicaux : représentation au strict minimum (Consulat).
>> Plan pour une stratégie européenne

CONSTAT :
l’Union Européenne est bloquée au milieu du gué entre fédéralisme et Europe des nations. Les 27 pays qui composent l’UE sont irréconciliables sur ce grand écart de vue.
L’UE fait l’objet de très puissants lobbys tous azimuts qui visent à la déstabiliser et à l’affaiblir. Certains pays européens, dont l’Allemagne (industrie), la France (PAC) et les pays de l’Est (travailleurs détachés), sont accusés de tirer la couverture à leur profit.
ANALYSE :
Une Europe déterminée et solidaire fait peur à ses concurrents (Chine, Russie, USA).
Le mode de gouvernance actuel de l’UE, en nette amélioration depuis le Covid, ne dispose pas de l’agilité nécessaire pour faire face aux défis du XXIème siècle.
SOLUTION :
Proposer à Bruxelles et Strasbourg une Union Européenne à 3 vitesses, chaque pays étant libre d’opter puis de naviguer d’une option à l’autre, et imposer une refondation des traités européens par la menace du « Coexit ».

La France propose des filières stratégiques qui peuvent être adoptées par l’Europe entière ou un groupe de pays dans le cadre de partenariats stratégiques, dans le sillage du modèle Airbus :

  • Aéronautique et défense (vision UE),
  • Industries du luxe, du vin et des spiritueux (vision nationale),
  • Agroalimentaire (vision UE),
  • Services bancaires et assurances (vision nationale),
  • Energie, dont le nucléaire (vision nationale),
  • Bâtiment et Travaux Publics (vision nationale),
  • Produits de consommation durables, dont véhicules électriques (vision UE),
  • Industries de certains biens d’équipements (vision UE),
  • Industries pharmaceutiques, biotechnologiques et cosmétiques (vision UE),
  • Industries du logiciel, des réseaux de communication et de l’Intelligence Artificielle (vision UE).